L'article date du 16 Juin 2019.
Pour ce LTSVISION, on vous présente Leisly, l’auto-entrepreneuse mode aux multiples facettes. Issue d’une formation non liée à la mode, Leisly a tout de même été directrice artistique, styliste, chargée de casting et j’en passe. Aujourd’hui, elle nous parle de son parcours scolaire et professionnel, ainsi que de sa vision de la mode Streetwear.
Hello Leisly, peux-tu te présenter et décrire ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Je m’appelle Leisly, j’ai 25 ans et je suis coordinatrice de production en agence de pub et parallèlement auto-entrepreneur dans le domaine du casting et de la production.
J’ai commencé avec un BAC STG et aujourd’hui je suis diplômée d’un master en communication et d’un Master en achats internationaux en école de commerce.
J’ai toujours été sensible au domaine artistique, j’ai fait de la danse, du chant et j’écrivais même des poèmes.
J’ai toujours aimé l’Humain, aider et défendre les gens me tient beaucoup à cœur. D’ailleurs quand j’étais au collège j’ai défendu un garçon de mon quartier accusé de vol à tort par un commerçant ayant assisté à la scène. J’ai plaidé sa cause, le commerçant en avait tellement marre de ma plaidoirie qu’il a laissé le garçon partir. Ceci m’a valu le surnom “Leisly l’avocate” pendant au moins 4 ans. De base, je voulais être assistante sociale, je voulais me sentir utile.
Depuis, je travaille dans un milieu qui peut paraître superficiel mais qui, finalement, ne l’est pas du tout.
Grâce à la mode, on peut faire passer énormément de message et mener différents combats, notamment en termes de représentation.
Aujourd’hui, tu travailles dans le milieu de la mode. Tu as l’air de faire plein de choses, peux-tu tout nous raconter ?
Je suis ce qu’on appelle un “ couteau suisse “. Je peux faire du casting, assister un styliste ou un photographe, bosser sur la production d’un défilé, être l’agent de ma petite Ildjima et lui trouver des castings. J’ai aussi beaucoup bougé dans le milieu : j’ai bossé en maison de couture, en agence de casting, en agence de mannequin. J’ai fait mon petit tour du monde de la mode. J’aime faire des choses différentes et rencontrer du monde avec parfois des compétences opposées. Surtout que j’ai la chance de pouvoir le faire donc autant en profiter.
Mais tu n’as pas l’air d’avoir fait des études dans la mode pourtant …
Je n’ai effectivement pas fait d’école de mode. Mais à partir de ma 2eme année de BTS, j’ai commencé à m’intéresser au milieu et séché les cours (oui, je n’étais pas hyper assidue) pour être habilleuse sur les défilés pendant la Fashion Week. Ce n’était pas rémunéré mais je ne connaissais rien au milieu et c’est ce qui m’a permis de rencontrer du monde et décrocher un premier stage en agence RP puis une alternance en maison de couture. Sans me poser de question, j’ai continué à faire des stages et alternances dans le domaine.
Tu es notamment directrice artistique pour la marque Ebony : qu’est-ce qui t’a amené à travailler avec eux ?
J’ai connu la marque grâce à mon frère qui avait acheté le fameux sweat orange puis j’ai commencé à voir quelques photos passer sur Twitter. Je me disais qu’il y avait pas mal de chose à faire donc envoyer un message privé sur Twitter au créateur, Ergy, et j’ai vendu mes compétences. On a vite accroché et on a commencé à bosser ensemble. Ça fait maintenant 2 ans. Petit à petit, mon rôle s’est agrandit. Au début, je ne m’occupais uniquement des shoots (du casting jusqu’au suivi post-prod) puis j’ai commencé à mettre mon grain de sel sur les tissus, les coupes, la gestion de la production en usine (mon M2 me servait enfin à quelque chose). Mais Ebony reste la marque d’Ergy. C’est le premier à avoir eu confiance en mes compétences et aujourd’hui il est content du résultat donc je suis contente.
D’où vient ton inspiration dans tes projets ?
C’est une question assez difficile car, contrairement à un photographe, je n’ai pas un espace très large en termes de créativité. Je réponds surtout à des demandes clients et en fonction de la marque, son projet, son marché je vais proposer une solution ou une stratégie. Quand on fait du casting, on arrive en fin du parcours créatif. On cherche le personnage qui fera vivre l’histoire du designer. Mais l’histoire est déjà écrite par quelqu’un d’autre, on apporte juste notre pierre à l’édifice.
Tu fais aussi du scouting, comment repères-tu les futurs models de demain ?
Les réseaux sociaux et dans la rue. J’ai rencontré mes chouchous par hasard dans le train et dans le coin d’une rue.
Parlons un peu de ton style vestimentaire, comment le décrirais-tu ?
Je suis un peu schizophrène. Un jour, j’ai un style un peu punk, un autre bohème et un autre hyper Streetwear. Je m’habille vraiment en fonction de mon humeur. Maintenant, j’essaye de faire au plus simple. Un jean/pantalon qui va bien, un sweat ou un t-shirt simple. Des basics qu’on ne peut pas jeter. “J’essaye” de ne plus consommer la mode.
Et où achètes-tu tes vêtements ?
Je vais chez Bershka car ça fit bien sur moi niveau taille. Sinon le classique : Monki et Weekday.
D’ailleurs, quelles sont tes marques de vêtement Streetwear / High Fashion préférées ?
Aucune.
J’ai du mal à avoir des coups de cœur avec ce qui se fait maintenant. Il y a toujours un truc qui me déplaît, que ce soient les tissus, coupe, prix ou communication ou le fait qu’il n’y ait pas de point de vente physique.
Que penses-tu du Streetwear en France aujourd’hui ?
Rien de nouveau. Ce n’est pas super excitant. Ce qui me blase le plus, c’est le streetwear haut de gamme. De base, ça vient de la rue et ça s’est embourgeoisé… mais bon la banlieue inspire Paname et Paname inspire le monde. Ce que je reproche aux marques d’aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas d’histoire dans les collections. Il y a un vêtement, un logo mais ce n’est pas suffisant. Le pire, c’est qu’on veut mettre un prix très élevé dessus alors qu’on ne vend que du tissu. 0 ADN, 0 histoire.
Dans le luxe, les designers pensent leurs collections de A à Z, il y a une inspiration, c’est pour ça qu’ils arrivent à faire des scénographies cohérentes pour leurs défilés ou vitrine. Il y a un fil conducteur et on est réceptif à cette histoire.
Quels sont tes futurs projets ?
Me reposer.
J’ai décidé d’avoir une certaine stabilité et ne plus courir après les projets pour le moment. Je pense me lancer dans un truc totalement différent de la mode ou la pub dans quelque temps.
As-tu déjà pensé à créer une marque de vêtements ?
Non, ça ne m’a jamais intéressé et je préfère laisser ça aux plus compétents.
As-tu des conseils à donner à ces nombreux jeunes qui cherchent à entrer dans le milieu de la mode Streetwear / High Fashion ?
Avoir de l’audace et savoir contrôler son image sur les réseaux sociaux car aujourd’hui c’est le sésame pour entrer dans le milieu et se faire repérer. Mais surtout ne pas brûler les étapes, il faut prendre son temps pour faire les choses proprement.
Et quelles astuces pour pouvoir participer aux défilés de Fashion Week ?
Pour les shows, si tu n’as pas de réseau ni d’invitation, le plus simple est d’y bosser. Il y a beaucoup d’offres sur Fashion Jobs. Je précise qu’en backstage, tu ne » vois » pas le défilé mais tu le vis et c’est (très) différent.
Sinon, tu t’incrustes. En étant malin (et chanceux), ça marche, sauf pour les marques de luxe. Tu peux repérer les dates et les adresses des défilés sur Vogue.
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